Mort d’Elizabeth II, la fin d’un monde

Elizabeth II est décédée ce jeudi 8 septembre, à l’âge de 96 ans, a annoncé Buckingham Palace. Sa disparition signe la fin d’une époque pour une reine qui a marqué l’histoire.

La reine Elizabeth II est décédée jeudi à l’âge de 96 ans, a annoncé le palais de Buckingham via l’agence de presse PA. “La reine est décédée paisiblement à Balmoral”, indique l’avis de décès. Le prince Charles est devenu le roi Charles III. Les hommages à Elizabeth II ont afflué du monde entier. Une reine qui a traversé l’histoire et qui, depuis le 6 février 1952, jour de son accession au trône, l’a profondément marquée.

Pour revenir sur son règne, Guillaume Erner s’entretient avec Philippe Chassaigne, professeur d’histoire contemporaine à l’université Bordeaux-Montaigne, auteur d’Histoire de l’Angleterre, des origines à nos jours (Flammarion, réédition 2021), Pauline Schnapper, professeur de civilisation britannique contemporaine à Paris III-Sorbonne Nouvelle, spécialiste de la politique étrangère, notamment européenne, du Royaume-Uni, et Richard Vinen, historien et universitaire britannique au King’s College de Londres. Il a travaillé notamment sur les années Thatcher (1979-1990).

Une personnalité d’une grande discrétion

La professeure de civilisation britannique Pauline Schnapper revient d’abord sur l’aura que la reine a su conserver tout au long de son règne et qui lui a valu “l’affection de l’ensemble de la population britannique” même dans les moments de déchirement national. C’est sa “discrétion” notamment qui a participé au “respect profond” que lui témoigne aujourd’hui les sujets du Royaume-Uni et du Commonwealth. En effet, comme le souligne l’historien britannique Richard Vinen, la reine était surtout caractérisée par sa discrétion : “on savait peu de choses sur ses opinions”, à la différence du prince Charles, ce qui pour l’universitaire pourrait peut-être poser problème par ailleurs.

Elle a tenu son rôle de “neutralité constitutionnelle”, même si on sait qu’elle “n’a pas apprécié Margaret Thatcher”, qu’elle “s’est bien entendue avec des Premiers ministres travaillistes” tout en ayant eu de bonnes relations à l’époque avec Winston Churchill poursuit Philippe Chassaigne. Peut-être que la consultation de ses journaux intimes qu’elle a tenu “depuis l’âge de douze ans” pourrait apporter des éléments sur ses opinions personnelles, souligne l’historien, même s’ils ne seront certainement pas “disponibles avant plusieurs années, voire plusieurs décennies”.

Et maintenant ?

“La plupart des Britanniques n’ont jamais connu d’autre roi ou reine, c’est émouvant pour eux” explique Pauline Schnapper, d’autant plus qu’elle a très bien tenu le rôle qui était le sien et a réussi à maintenir l’unité nationale La question est de savoir si le nouveau nommé Charles III, moins populaire, sera capable d’incarner cette unité aussi bien que sa mère : “peut-être qu’il pourra bénéficier de l’émotion forte qui étreint le pays” souligne la professeure de civilisation britannique.

Les jours de la monarchie britannique sont peut-être même comptés pour Richard Vinen : “il ne faut pas sous-estimer la tendance républicaine” du Royaume-Uni, “il n’est pas clair [donc certain] que la monarchie dure pour toujours en Angleterre”. Pour l’historien, un changement de régime est tout à fait envisageable voire probable, à la différence de Philippe Chassaigne qui rappelle que même si la monarchie semble “désuète”, elle est aussi d’une “grande actualité”, et ce pour longtemps : “on a vu l’espoir que la reine semblait placer dans le prince William et Kate Middleton ces dernières années”.

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