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Antoni Gaudí (1852 – 1926)
« Soit c’est un génie, soit c’est un fou »

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Un jeune rebelle

Fils d’un chaudronnier, il souffre de rhumatismes et passe des heures à contempler la nature lorsqu’il ne va pas observer son père au travail, apprenant petit à petit la maîtrise des matériaux et de l’espace.

Après des études chez les Pères, il part s’installer en 1869 à Barcelone pour assouvir sa passion, l’architecture. Que s’est-il passé pour qu’il ne soit admis qu’à 22 ans dans l’École provinciale dédiée à cet art ? Est-ce, comme il l’a raconté, parce que ce caractère fort, ce dandy blond a eu du mal à se plier aux exercices scolaires ? Toujours est-il que notre rebelle, malgré des résultats médiocres, finit par réussir ses examens en 1878, ce qui ne manque pas de laisser le directeur de l’école dubitatif : « Nous avons accordé le diplôme à un fou ou à un génie. Le temps nous le dira ».

Dans une Barcelone renouvelée
Gaudí a eu de la chance : il commence sa carrière dans une ville qui connaît alors une mutation impressionnante.

Son port, son chemin de fer, ses hauts-fourneaux permettent à une bourgeoisie enrichie grâce aux colonies d’en faire la capitale industrielle de l’Espagne. Pour accueillir les dizaines de milliers de nouveaux arrivants attirés par les emplois, la ville perd ses remparts pour se développer selon un plan en damier.

À cette vitalité démographique et économique s’ajoute un bouillonnement culturel symbolisé par l’Exposition universelle de 1888. Les plus grands architectes entrent alors en compétition pour moderniser et embellir la cité.

Avec une telle soif de renouveau et d’innovation, Gaudí ne pouvait que se sentir en harmonie avec sa ville. Tous ses projets, à l’exception d’un seul, lui seront d’ailleurs consacrés.

Le palais des fées

Enfin diplômé, Gaudì peut se mettre au service d’architectes de renom, comme Josep Fonseré et surtout Joan Martorell, fin connaisseur de Viollet-le-Duc et du néogothique.

 

C’est par son intermédiaire qu’il entre en contact avec le très fortuné Eusebi Güell, un mécène ouvert à toutes les innovations, avec lequel il nouera une véritable amitié. C’est pour son « Doge » qu’il dessine en toute liberté à partir de 1886 le palais Güell, un étonnant hôtel particulier aussi somptueux qu’original dans sa disposition, ses décors et son mobilier.

 

Il faut dire que l’univers de Gaudì est riche d’influences d’une belle diversité, entre gothique, Art nouveau et style hispano-mauresque, sans oublier l’inspiration de la religion et la nature.

 

Désormais, personne ne peut ignorer le nom de Gaudì, l’architecte aux cheminées de fée qui va marquer de son empreinte particulière les nombreux projets qui lui sont confiés comme le palais épiscopal à Astorga (1887) et l’ école des Teresianas à Barcelone (1888).

« Un caprice que la nature a sculpté » (Salvator Dali)
Désormais célèbre, il se voit confier par de riches industriels l’édification de leurs propres demeures. Et il faut qu’ils aient une belle confiance en lui pour voir sortir de terre des maisons aux façades ondulantes, loin de tout ce qui a été fait jusqu’ici !

À côté des Casa Batlló (1904) ou Milà (1906), une entreprise sort du lot : il s’agit d’une cité-jardin idéale d’une vingtaine d’hectares, commandée une fois de plus par son ami Güell (1900).

Si les habitations n’ont jamais vu le jour, faute d’acquéreurs, le Park Güell n’en reste pas moins une réalisation d’une grande originalité. Partout, ce ne sont que formes et couleurs, reptiles et dragons. Qui peut deviner que ces bâtiments et mosaïques furent construits à partir de rebuts de pierre et de débris d’assiettes ?

En échange d’une obole
Mais c’est surtout un autre chantier qui va marquer sa carrière : celui de la Sagrada Familia, toujours à Barcelone. À l’origine, Gaudì avait bien l’intention de boucler l’affaire en une dizaine d’années. À 31 ans, lorsqu’il reprend la construction initiée en 1882, il sait que le projet est fragile.
C’est un libraire et éditeur, Josep Maria Bocabella, qui a souhaité créer une église expiatoire à la suite d’une épidémie de choléra, en s’appuyant simplement sur les dons des fidèles. Un îlot de maisons est acheté, une construction de style néogothique s’inspirant du sanctuaire italien de Lorette est lancée.

Elle ne plait guère à Gaudì qui va au fil des ans n’en faire qu’à sa tête, ne cessant de modifier structure et décor. Après s’être attaqué à la crypte où il fait entrer la lumière, il organise l’intérieur de l’édifice en s’aidant de maquettes puis crée des moulages pour définir les multiples sculptures destinées à orner les façades.

Collaborateurs, animaux et même végétaux se retrouvent ainsi enduits de plâtre lorsque ce ne sont pas des squelettes, moins réticents. Doucement, trop doucement à son goût, le chantier avance…

Une forêt spirituelle inachevée

Pourtant, Gaudì s’est jeté corps et âme dans cette entreprise qui est pour lui un véritable engagement spirituel. À cela s’ajoute le désir de renouveler ce style gothique qu’il connaît si bien.

Il va par exemple supprimer les contreforts qui traditionnellement soutenaient la structure, ce qui lui prend une dizaine d’années d’étude. Il les remplace par de longues colonnes semblables à des arbres dont les ramifications permettent d’alléger les charges.

Il peut ainsi donner à son œuvre des dimensions gigantesques : le plus haut de ses 12 clochers culmine à 172 mètres et domine un complexe de 4 500 m2, capable d’accueillir 14 000 personnes.

Ajoutez-y 5 nefs, 12 chapelles, un cloître ainsi que d’innombrables éléments de décoration, extérieurs comme intérieurs, et vous comprendrez que Gaudì n’espérait pas voir de son vivant l’aboutissement de son rêve.

Il finit par faire corps avec son œuvre au point de s’y installer définitivement en 1918. Imaginait-il d’autres innovations lorsque le 7 juin 1926, perdu dans ses pensées, il est renversé par un tramway ?

Sans papiers sur lui, habillé de façon négligée, il est pris pour un mendiant et amené tardivement à l’hôpital où il meurt le lendemain, à 73 ans. Cette mort anonyme contraste avec l’hommage que lui rendent les habitants de Barcelone quelques jours plus tard : c’est un cortège de près d’un kilomètre de long qui l’accompagne à la Sagrada Familia où il est inhumé.

Aujourd’hui le chantier commencé il y a 139 ans est loin d’être terminé : même si le permis de construire ne court que jusqu’en 2026, on peut supposer que Gaudì n’est pas près de reposer tranquillement dans sa crypte.