Pierre Rabhi, écrivain et figure de l’agroécologie
Il était une figure de l’agroécologie. L’écrivain Pierre Rabhi est mort, samedi 4 décembre, à l’âge de 83 ans. Auteur notamment de Vers la sobriété heureuse, vendu à plus de 460 000 exemplaires, ce militant de la cause écologiste, adulé par des personnalités comme Cyril Dion et Marion Cotillard, est mort des suites d’une hémorragie cérébrale, a déclaré son fils à l’Agence France-Presse (AFP).
Né en 1938 aux portes du Sahara, il est très tôt écartelé entre « modernité et tradition », quand son père le confie à une famille de colons français, afin de lui assurer une meilleure instruction. Rabah deviendra alors Pierre.
« Des déchirements, des ruptures, des souffrances, il y en a eu un bon paquet », confiait cet autodidacte, enraciné en Ardèche depuis 1961, après avoir quitté l’Algérie au début des « événements » et connu « l’incarcération » d’une vie parisienne.
Ce pionnier du néoruralisme s’était installé dans une ferme. Il restera comme l’un des pionniers de l’agroécologie, qui vise dans le domaine agricole à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques. Une méthode appliquée dès les années 1980 en Afrique subsaharienne, où il effectuera de nombreux séjours. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait en lui un « frère de conscience ».
Ouvrages innombrables au succès indéniable
Référence dans le sérail écologiste et altermondialiste, celui qui fut l’ami du président du Burkina Faso Thomas Sankara ou du violoniste Yehudi Menuhin, a connu une certaine exposition médiatique en 2002, lors d’une éphémère candidature à la présidentielle, pour déjà « introduire dans le débat l’urgence écologique et humaine ». Seize ans plus tard, en 2018, il déclarait au Monde : « La solution ne passe pas par le politique, elle passe par l’élévation de la conscience. »
Père de cinq enfants, il a ensuite partagé son temps entre interviews, animation de ses fondations, conférences et rédaction d’ouvrages… Grand admirateur de Socrate, il disait que « chaque être humain doit tenter de se connaître de façon à se changer positivement ».
Ses ouvrages, innombrables, ont rencontré un succès indéniable. Avec Cyril Dion – l’auteur du documentaire militant à succès Demain –, il a cofondé le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d’approvisionnements courts. « Tu as inspiré des millions de gens à travers le monde », a réagi le mouvement sur Twitter samedi soir. « Aujourd’hui, j’ai perdu un ami. Un grand frère. Ça crève le cœur. On n’était pas toujours d’accord et ces dernières années on s’était un peu éloignés, mais Pierre a été une des rencontres qui a changé ma vie », a écrit Cyril Dion sur Instagram. « Les colibris et l’écologie sont en deuil », a également tweeté La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Parfois présenté comme un technicien, il s’intéressait à l’intériorité des gens, a souligné son fils auprès de l’AFP. Il a touché de nombreuses personnes. »