Histoire

Ils ont pensé la laïcité : Voltaire

n 1762, Voltaire règne sur l’Europe des Lumières. Pendant des mois, il va se mobiliser sans relâche pour obtenir la réhabilitation de Jean Calas, un protestant condamné à mort par erreur et supplicié en place publique. Au nom de la tolérance, contre le fanatisme religieux.

Cela commence comme une enquête judiciaire. Nous sommes au printemps de 1762. François-Marie Arouet a 68 ans. Depuis quatre décennies, tout ce que la France et l’Europe comptent de rois, de grands seigneurs, d’esprits éclairés ou de censeurs acharnés a appris à le connaître sous le nom de Voltaire. Tragédies, poèmes historiques, traités et contes philosophiques : sa plume et son esprit ont fait sa gloire. Depuis son domaine de Ferney, dans le pays de Gex, à deux pas de la Suisse calviniste, il règne sur l’Europe des Lumières.

L’affaire Calas (1761-1765)

En ce printemps 1762, donc, Voltaire est alerté par des amis genevois. Le 25 mars, il écrit au marquis de la Marche, magistrat au Parlement de Bourgogne : “Il vient de se passer au Parlement de Toulouse une scène qui fait se dresser les cheveux sur la tête. J’en suis hors de moi. Je veux savoir de quel côté est l’horreur du fanatisme”. Le même jour, il alerte le cardinal de Bernis, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège : “Oserais-je supplier votre Eminence de vouloir bien me dire ce que je dois penser de l’aventure affreuse de ce Calas, roué à Toulouse pour avoir pendu son fils. C’est qu’on prétend ici qu’il est très innocent.”

Il est vrai que l’affaire est terrible. Jean Calas est marchand de tissus à Toulouse, rue des Filatiers. Il est protestant et il ne fait pas bon l’être à cette époque en France. Depuis la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685, la répression contre les calvinistes n’a pas cessé : la célébration de leur culte est interdite et ils sont contraints à la conversion ou, au moins, à la plus grande discrétion.

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