L’Obscure, le solitaire, celui pour qui le feu est le principe originel de toute chose, a suscité nombre d’incompréhensions. L’énigmatique Héraclite, nous a laissé quelques fragments de sa pensée philosophique. Comment appréhender cette œuvre hautement incandescente ?
L’invité du jour
Jean-François Pradeau : Professeur de philosophie ancienne à l’université de Lyon
D’Héraclite, on ne sait pas grand-chose, pour ne pas dire, presque rien. Comme tous les auteurs pré-socratique, on postule ses dates de vie et de mort (entre -520 et -460 avant JC), et on retrace le fil de sa vie à partir de témoignages plus ou moins fiables qui datent souvent de plusieurs siècles après sa mort. Pourtant, son nom est sur les lèvres de la grande majorité des philosophes jusqu’à aujourd’hui, et le texte qu’on lui attribue, et dont nous disposons sous la forme de fragments, continue d’irriguer la culture occidentale et orientale.
Un inconnu que tout le monde connait, c’est le mystère Héraclite que nous allons tenter de percer cette semaine.
A paraître à l’automne 2021 : Jean-François Pradeau, Héraclite, aux éditions du Cerf.
Un philosophe à slogans
Héraclite est un philosophe à slogans. Ses petites sentences étaient et sont toujours destinées à être frappantes.
Jean-François Pradeau
Il méprise ses concitoyens
Héraclite était un membre de la famille royale d’Ephèse, il aurait pu récupérer le trône et le pouvoir mais il a refusé de jouer le rôle politique auquel il pouvait prétendre. Il méprisait ses concitoyens, il n’y avait que les enfants et les animaux qui trouvaient grâce à ses yeux.
Jean-François Pradeau
Le feu à l’origine de toute chose
Les philosophes de Milet : Thalès, Anaximène, Xénophane et Héraclite pensent tous qu’un élément primordial, parmi les quatre (l’air, la terre, l’eau et le feu) est constitutif de toute chose. Pour Thalès c’est l’eau, pour Anaximène l’air, pour Xénophane la terre, et pour Héraclite le feu. C’est l’élément premier et dominant. Il faut entendre le feu à la fois dans son sens ordinaire mais aussi comme un souffle chaud et sec.
Jean-François Pradeau