Le vaccin contre la grippe, une barrière contre l’AVC ?

Selon une récente étude canadienne, le vaccin contre la grippe pourrait diminuer le risque de survenue d’un accident vasculaire cérébral. Explication.

Chaque année, 150 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). C’est d’ailleurs la première cause de handicap physique chez les adultes. Si 30 000 personnes en décèdent, plus de 500 000 Français vivent avec des séquelles. Cependant, au Canada, des chercheurs de l’université de Calgary ont identifié un lien entre le vaccin contre la grippe et la probabilité de faire un AVC. L’injection réduirait le risque. Des résultats confirmés même chez des patients qui ne sont pas à haut risque d’accident vasculaire cérébral. Comme le rappelle cette étude, les maladies infectieuses sont connues pour être liées aux accidents vasculaires cérébraux, et un grand nombre de preuves associent une infection récente, en particulier des infections respiratoires, à l’apparition d’un AVC.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de plus de 4 millions de personnes pendant neuf ans. « Le vaccin antigrippal est connu pour réduire le risque de crise cardiaque et d’hospitalisation des personnes atteintes d’une maladie cardiaque. Nous voulions savoir si le vaccin avait les mêmes qualités protectrices pour les personnes à risque d’AVC », a expliqué le Dr Michael Hill, chercheur à la Cumming School of Medicine (CSM) et chercheur principal de l’étude. Avant de compléter : « Nos résultats montrent que le risque d’AVC est plus faible chez les personnes qui ont récemment reçu un vaccin contre la grippe. Cela était vrai pour tous les adultes, pas seulement ceux à haut risque d’avoir un AVC. » Ces conclusions ont été publiées dans The Lancet Public Health.

Vacciner pour prévenir ?

Au cours de cette étude, les chercheurs ont constaté que le risque de souffrir d’un AVC était diminué dans les six mois suivant une vaccination contre la grippe. « Ajustée en fonction de l’âge, du sexe, de la maladie comorbide et du statut socio-économique, une vaccination récente (dans les 182 jours) était associée à un risque réduit d’AVC », rapporte l’étude. Et de poursuivre : « Lors de la stratification par type d’AVC, des estimations similaires ont été observées pour l’AVC ischémique aigu, l’hémorragie intracérébrale et l’hémorragie sous-arachnoïdienne, alors que le risque d’accident ischémique transitoire a été réduit dans une moindre mesure que les autres types d’AVC chez les personnes vaccinées. »

« Les résultats suggèrent qu’une large vaccination contre la grippe pourrait être une stratégie de santé publique viable pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux », assure le Dr Jessalyn Holodinsky, chercheur postdoctoral au CSM et premier auteur de l’étude. Pour les scientifiques, une vaccination antigrippe généralisée pourrait donc représenter une prévention dans l’apparition des accidents vasculaires cérébraux. « L’association protectrice était très forte. Nous avons constaté qu’elle bénéficiait à la fois aux hommes et aux femmes et qu’il y avait une nette réduction du risque d’AVC avec l’âge pour ceux qui avaient été vaccinés contre la grippe », conclut alors le Dr Michael Hill. En France, la campagne de vaccination contre la grippe a débuté le 18 octobre. Pour rappel, le vaccin antigrippal est entièrement remboursé par l’Assurance maladie pour les personnes à risque.

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