Société

Mal-être, dépression, mauvaise prise en charge : pourquoi le taux de suicide des personnes âgées est-il si haut ?

DÉCRYPTAGE – Le taux de suicide des seniors français est l’un des plus haut d’Europe. Ce macabre décompte cache une mauvaise prise en charge de la vieillesse.
Aux alentours de trois heures du matin, dans la nuit du 19 au 20 octobre à Marseille, un homme de 71 ans se faufile dans les couloirs d’un hôpital. Il se dirige, une arme à la main, vers la chambre de sa femme de 69 ans, atteinte de la maladie de Charcot et en soins palliatifs. Le mari lui tire une balle dans la tête, avant de retourner l’arme contre lui. Les policiers retrouveront une lettre expliquant qu’un accord était conclu par le couple et regrettant par avance la tristesse qu’allait susciter son acte.

Derrière le fait divers relaté par France Bleu Marseille se cache une réalité : le taux de suicide des plus de 65 ans en France représente plus de 30% de l’ensemble. En 2016, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) recensait 8435 suicides, dont 2698 de personnes âgées de plus 65 ans soit près de 32%. «Ces dernières représentent la tranche de la population la plus à risque de décès par suicide, en particulier lorsqu’elles sont déprimées», alertait déjà le Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Âgées et des Personnes Handicapées (CNBD) en 2013. Au sein des pays d’Europe de l’Ouest, la France présente un taux de suicide parmi les plus élevé.

Derrière le fait divers relaté par France Bleu Marseille se cache une réalité : le taux de suicide des plus de 65 ans en France représente plus de 30% de l’ensemble. En 2016, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) recensait 8435 suicides, dont 2698 de personnes âgées de plus 65 ans soit près de 32%. «Ces dernières représentent la tranche de la population la plus à risque de décès par suicide, en particulier lorsqu’elles sont déprimées», alertait déjà le Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Âgées et des Personnes Handicapées (CNBD) en 2013. Au sein des pays d’Europe de l’Ouest, la France présente un taux de suicide parmi les plus élevé.

Un mal-être sociétal
Si comme le note l’agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM), l’image négative du vieillissement n’explique pas l’origine des suicides, «toutes les études retrouvent à l’inverse une majorité de troubles psychiatriques à l’origine des suicides de la personne âgée». Un certain climat de mauvaise intégration des seniors dans la vie sociale peut amener à des dépressions. Celui-ci s’explique par un changement sociétal depuis l’après-guerre. «La valorisation de la personne âgée, comme pièce maîtresse et patriarche dans les familles a disparu. La bascule négativiste a été imposée par le développement industriel basé sur la productivité, la rentabilité et la modernité incarnées par la jeunesse à travers la médiatisation et la publicité», estime Danien Letonturier.

La valorisation de la personne âgée, comme pièce maîtresse et patriarche dans les familles, a disparu.
Danien Letonturier, médecin gériatre .
Outre ce changement de la représentation des personnes âgées, la perte d’êtres chers et la solitude renforcent un sentiment d’isolement pouvant mener à la dépression. «C’est du moins ce que nous invitent à penser certains sociologues, pour qui le « drame » de la vieillesse consiste moins dans l’usure des capacités sensorielles et motrices que dans l’effritement progressif des liens sociaux qui provoquent l’esseulement», note Arnaud Campéon, sociologue et auteur de Des vieillesses en solitude. Trajectoires et expériences de solitude après la retraite.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/mal-etre-depression-mauvaise-prise-en-charge-pourquoi-le-taux-de-suicide-des-personnes-agees-est-il-si-haut-20211023