Société

À Nantes, une maison contre la solitude des femmes

Ce lieu de vie pilote, ouvert en juin dernier, accueille déjà une cinquantaine de personnes isolées, de tous milieux sociaux.

En ce lundi matin, les éclats de rire résonnent par les fenêtres. La jolie maison blanche ornée de briques rouges, cachée entre une arrière-cour et un parc à Nantes, a ouvert le 1er juin dernier. Un lieu de vie Providenti’Elles de 170 m², à la décoration soignée, où se croisent déjà une cinquantaine de femmes avec l’objectif d’en accueillir 200 à terme.

«Tous les liens intergénérationnels et sociaux sont un peu distendus» déplore Anne Huc, 41 ans, la cofondatrice et présidente. L’adhésion coûte 15 euros par mois (5 euros en tarification sociale) pour «susciter un engagement, des venues régulières, sans discriminer». On croise ainsi une ancienne directrice de cabinet, une travailleuse handicapée, une avocate, une chômeuse.
Elles ont entre 20 et 80 ans et viennent de tous les quartiers. «On vise plutôt les femmes de la classe moyenne, au-dessus des seuils des aides sociales. Celles qui serrent les dents en silence sans oser solliciter les associations», poursuit Anne Huc. Les activités d’une semaine sont variées pour un accompagnement qui s’étend sur deux ans maximum: des ateliers l’après-midi (tricot, sorties) et des échanges le soir autour d’une question.

Hélène, 30 ans, la toute première adhérente, répète «cette nécessité absolue de voir les autres, de sortir de (son) isolement». Jusqu’en juin la jeune femme se cloîtrait à son domicile avec son chien, handicapée par une maladie. «On peut parler de tout, il n’y a pas de sujet tabou» poursuit celle qui vient à Providenti’Elles dès 9 h du matin. «Au fond, beaucoup vivent brisées par des hommes ou avec la peur des hommes» glisse Anne Huc.

Je suis une combattante au quotidien qui a été touchée par un burn-out et des angoisses l’hiver dernier. Cette douceur et cette présence désintéressée me font du bien
Céline, 48 ans, adhérente
«Je me sens à ma place. Ce n’est pas du réseau pour le travail comme d’autres structures où j’adhère. Ni une activité comme du yoga où j’échange juste quelques mots», valorise pour sa part Céline, 48 ans, une autre adhérente qui vient deux fois par semaine.

Par Thibault Dumas – Le figaro