Environ un quart de la population mondiale est totalement vaccinée : l’épidémie est-elle pour autant bientôt derrière nous ? Entretien avec le professeur Jean-Philippe Derenne, ancien chef de service de pneumologie et réanimation à la Salpetrière, qui fait paraître « Covid-19 : un seul monde ».
D’un côté, de quoi espérer. Une contamination en baisse de 30% par semaine dans l’hexagone, un nombre croissant de vaccinés, une levée, bientôt, de l’obligation du port du masque et des jauges dans les établissements publics (dans les départements où le virus circule le moins), et dehors, partout, de nouveau, des rassemblements, des commerces ouverts, des gens qui s’embrassent… l’image d’une rentrée au beau fixe. De l’autre, une vigilance de rigueur avec une situation très tendue en Guyane et en Nouvelle Calédonie, le maintien du passe sanitaire sur tout le territoire, et des craintes d’épidémiologistes devant l’imminence d’une 5e vague…
Même chose au niveau international : la Norvège lève aujourd’hui toutes ses restrictions, mais Singapour connaît depuis quelques semaines une nouvelle flambée de cas malgré ses 80% de vaccinés. Alors qui faut-il écouter : l’épidémiologiste Arnaud Fontanet qui affirme que « nous ne sommes pas tirés d’affaire » ou Antoine Flahault pour qui « la situation est tout à fait favorable et la vague du variant Delta est derrière nous », rejoignant Olivier Véran et son « Nous sommes sur la bonne voie » ?
Au niveau mondial, il est évident que nous ne sommes pas sur la bonne voie. Nous sommes à un peu plus de 500 000 cas par jour et plus de 10 000 morts. Penser que c’est fini relève d’une incompréhension profonde de ce qu’est cette pandémie. Or, c’est extrêmement simple : il s’agit d’un nouveau virus, pour lequel il n’y a pas de traitement.
Le vaccin n’arrêtera jamais la pandémie à lui tout seul. On le voit : il y a aujourd’hui presque autant de cas que lors de la première et la deuxième vague, mais il y a beaucoup moins de morts donc le vaccin est bien sûr un progrès. Simplement, tant qu’il n’y aura pas de traitement pour tuer le virus, l’épidémie sera toujours là.
Les personnes âgées non vaccinées font dix fois plus de formes graves que les personnes âgées vaccinées. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a zéro forme grave. Aussi, pour éviter une nouvelle vague, il faut donc continuer à respecter les gestes barrières, même en étant vacciné.