Société

Serge Guérin, sociologue “Les vieux, c’est toujours les autres, jamais soi”

Il n’est pas rare de voir nos aînés marginalisés. Et pourtant, à l’horizon 2050, d’après l’INSEE, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Alors, quelle place pour les séniors dans une société vieillissante ? Quand la dépendance des personnes âgées n’est plus la norme, comment concilier avec le nouveau paradigme générationnel qui s’ouvre à nous ? La société est-elle prête à accueillir 5 fois plus de séniors dans 40 ans ? Pistes de réflexion.

i plus de 9 % des Français ont aujourd’hui passé la barre des 75 ans, ils seront 16 % d’ici 2 060. Cela représentera 24 millions de personnes âgées dont environ 200 000 centenaires. Dans ce contexte, comment donner un nouveau sens à l’allongement de la vie ? Françoise Forette, professeure en gériatrie à l’Université Paris-Descartes et fondatrice de l’International Longevity Centre en France ne manque pas de porter des précisions à ces chiffres : dans cette frange des plus de 75 ans, seuls 8 % sont atteints de dépendance, ce qui signifie que 92 % de cette population est autonome. Il y a donc une balance à prendre en compte : « La dépendance à chaque âge diminue, parce qu’il y a eu des progrès socio-économiques et médicaux qui font que les personnes sont moins dépendantes. » et il est délicat de faire des projections quant à leur nombre. De quoi remettre en question l’image qu’on se fait des « vieux ».

« LA DÉPENDANCE À CHAQUE ÂGE DIMINUE, PARCE QU’IL Y A EU DES PROGRÈS SOCIO-ÉCONOMIQUES ET MÉDICAUX QUI FONT QUE LES PERSONNES SONT MOINS DÉPENDANTES. »

Pascale Boistard, secrétaire d’État en charge des personnes âgées entre 2016 et 2017 rappelle que si une loi d’adaptation de la société au vieillissement a été adoptée en 2015, cette adaptation se fait « petit à petit, et souvent sous le coup d’actualités sordides, comme la canicule de 2003 » qui nous a rappelé à l’ordre quant à cette part fragile de notre société. Mais si le législateur tente de s’adapter, qu’en est-il de la vision globale qu’on se fait des personnes âgées aujourd’hui ? Sont-ils intégrés à part entière dans la société ?

La révolution de la longévité

Pour le sociologue spécialisé dans le vieillissement Serge Guérin, « un mot est important, c’est la notion de longévité. Quand on parle de société du vieillissement, les vieux c’est toujours les autres, ce n’est jamais soi. En revanche, la longévité concerne tout le monde. ». C’est un fait, même un enfant sait qu’il vivra longtemps. Quand l’anticipation du vieillissement devient l’anticipation de la vie dans sa globalité, le rapport au vieillissement change : « Avec la longévité, on implique tout le monde, à tous les âges, quand je nais je suis déjà impliqué dans cette société de longévité. ». Force est de constater qu’actuellement, la majorité des regards posés sur « les vieux » ne correspondent pas à celui du sociologue. Serge Guérin donne un exemple parlant :

« AU COLLÈGE QUAND ON DEMANDE AUX JEUNES CE QU’ILS VEULENT FAIRE, C’EST « M’OCCUPER DE PETITS ENFANTS », PERSONNE NE DIT « JE VEUX M’OCCUPER DE GENS ÂGÉS. ».

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