Je suis comme un chêne dans la forêt : enraciné, vertical, vivant. et un vieil arbre ne donne pas de vieux fruits. je donne ce que j’ai. De la mémoire, de la force, une présence.
Les jeunes pousses ne me remplacent Pas: elles grandissent autour de moi. C’est çà la logique du vivant. ce n’est pas une question d’âge, c’est une question d’énergie.
La société moderne voudrait que les vieux se retirent poliment. Qu’ils laissent la place. Qu’ils deviennent inoffensifs, presque décoratifs. Mais la nature, elle, ne pratique pas l’effacement. un vieux chêne ne se retire pas. il continue d’abriter, de nourrir, de protéger. Il continue d’exister pleinement.
“Je ne suis pas une statistique, je suis un homme avec des projets”
Ma peur n’est pas de vieillir, mais de devenir invisible ou pire, docile. Alors je veille. je veille à ma verticalité. Je veille à ma condition physique. Je veille à rester présent. Pas dans la nostalgie, mais dans l’action. Pas pour faire jeune mais pour faire juste.
La hantise ce n’est pas de vieillir, c’est de disparaître tout doucement tête baissée. Alors, je m’impose une discipline : je m’étire, je fais du lainage, je m’entraîne. Je reste droit. pas pour paraître jeune. pour rester là. pour continuer.
Et je refuse qu’on me mette dans une case. Dernièrement, dans une compétition sportive l’administration m’a soufflé entre deux formulaires que j’étais Senior 3. C’est amusant ce besoin de vouloir à tout prix étiqueter la vitalité. Je ne suis pas une statistiques. je suis un homme avec des projets.
Parce que c’est çà le secret : avoir un projet. Même un tout. Monter quelques marches., finir un livre, .. Le projet c’est ce qui redresse le corps, c’est ce qui rallume le regard. La retraite, telle qu’on nous la sert, tue plus surement que le temps. Elle range, elle infantilise, elle fait croire que c’est fini. mais rien n’est fini tant qu’on a encore envie.
La verticalité n’est pas un privilège de la jeunesse. C’est un combat quotidien. Et un choix.
Regarder autour de vous. le Viel arbre est toujours celui qui reste droit quand tout plie. Soyons de vieux arbres gorgés de fruits.
Thierry Marx pour “VIEUX”