Découverte d’un message dans un violon fabriqué dans le camp de Dachau.

Alors qu’on célèbre en ce 29 avril le 80e anniversaire de la libération du camp de concentration de Dachau, des collectionneurs hongrois révèlent qu’ils ont découvert qu’un violon qu’ils avaient acheté avait été fabriqué en 1941 par un prisonnier polonais rescapé du funeste camp allemand.


Lorsqu’ils ont acheté un violon, remisé dans le tiroir d’une commode, les collectionneurs d’art hongrois Szandra Katona et Tamás Tálosi ignoraient totalement l’incroyable et émouvante histoire de cet instrument. C’est lors de sa restauration, 10 ans plus tard que l’expert sollicité a découvert l’inscription « K.L. Dachau » (Konzentrationslager Dachau) apposée sur le violon. Inscription qui suggérait que l’instrument provenait du camp de concentration allemand.

Mais c’est la découverte, dans le corps de l’instrument d’un message sur lequel est écrit à la main : « Instrument d’essai, fabriqué dans des conditions difficiles, sans outils ni matériaux. Dachau. Anno 1941, Franciszek Kempa », qui a permis d’en déterminer beaucoup plus précisément l’origine.
« Le bois est de mauvaise qualité mais le montage est l’œuvre d’un artisan qualifié »

Via ce message, Franciszek Kempa, prisonnier juif polonais détenu à Dachau, tenait à s’excuser pour la « mauvaise » qualité de son ouvrage. L’expert chargé de sa restauration a d’ailleurs relevé la mauvaise qualité du bois et des outils utilisés mais a conclu que le montage était l’œuvre d’un « artisan qualifié, certainement un luthier ».

l est avéré que tous les instruments retrouvés après la libération du camp par les troupes américaines en avril 1945 avaient été introduits par les prisonniers lors de leur incarcération. Le violon de Franciszek Kempa serait donc le seul à avoir été entièrement fabriqué à l’intérieur du camp. Probablement, selon le Musée de l’holocauste de Dachau, à la demande d’un officier nazi pour son usage. Après sa libération, Franciszek Kempa est retourné dans sa Pologne natale pour continuer à fabriquer des instruments avant de mourir en 1953. Nul ne sait comment son violon s’est retrouvé mis en vente en Hongrie des décénies plus tard.

Les deux collectionneurs propriétaires du violon conservé dans leur galerie en Hongrie ont indiqué que des négociations ont été entamées afin qu’il soit exposé temporairement au Musée de l’holocauste de Dachau. Ils espèrent à terme pouvoir lui trouver une place « dans un musée ou une collection qui permette d’apporter au plus grand nombre possible le message d’espoir qu’il porte dans son histoire ».