L’ensemble musical ukrainien a entamé, mercredi soir à la Philharmonie de Paris, une tournée européenne qui le mènera jusqu’au 1er mai en Pologne, en Allemagne et en Suisse.
En quarante ans d’existence, l’orchestre symphonique de Kiev n’a jamais mis les pieds en France. Exilé depuis la guerre, il a joué à Paris un répertoire de son pays essentiellement français et ukrainien, pour montrer que l’Ukraine fait partie «du processus culturel européen».
Durant les répétitions pour ce concert unique donné ce mercredi soir à la Philharmonie de Paris, avec l’Italien Luigi Gaggero à la baguette, la quarantaine de musiciens de l’orchestre ont enchaîné la Pavane de Gabriel Fauré, la Sinfonietta de Francis Poulec, puis des chants traditionnels et des morceaux de compositeurs ukrainiens: Maksym Berezovsky, Dmitry Bortnianski ou encore Mykola Lyssenko (Prière pour l’Ukraine).
S’est glissée également dans le programme la Symphonie n° 31 de Mozart, dite «Paris». «C’est pour montrer notre respect pour cette ville qui nous accueille», affirme à l’AFP Anna Stavychenko, directrice déléguée de l’orchestre. «Nous mélangeons toujours le répertoire ukrainien avec le répertoire international pour montrer que l’Ukraine a toujours été et fait toujours partie des processus culturels européens», assure-t-elle.
Si les hommes de l’orchestre ont obtenu une dispense spéciale des autorités ukrainiennes pour pouvoir quitter le pays (la loi martiale en vigueur en Ukraine interdisant aux hommes en âge de combattre de partir), elle rappelle que plusieurs musiciens sont restés dans le pays et combattent au front.
Les dizaines de musiciens et musiciennes qui sont partis, beaucoup avec leur famille, ont obtenu une résidence à Gera, dans le Land allemand de la Thuringe (centre-est). «Ce sont des circonstances tragiques qui nous amènent à Paris aujourd’hui mais nous avons une mission culturelle et c’est extrêmement important de représenter notre pays», poursuit Mme Stavychenko.
L’orchestre symphonique de Kiev a débuté une tournée européenne qui le mènera jusqu’au 1er mai en Pologne, en Allemagne et en Suisse. «Parfois, je ressens une culpabilité très irrationnelle. Je pense que la plupart des gens ressentent la même chose lorsqu’ils quittent le pays», relève la flûtiste originaire de Kiev Olha Stukalova. «Mais, d’un autre côté, on comprend que tout le monde doive apporter sa pierre à l’édifice, rendre hommage au pays, car, en tant que musicienne, le mieux que je puisse faire c’est d’envoyer un message en jouant de la musique», dit-elle. Ce sentiment est partagé par le violoniste Oleksii Pshenychnikov, qui dit ressentir le besoin «de parler aux gens avec de la musique ou avec des mots».
La Philharmonie de Paris a appelé à des dons pour «pérenniser la résidence des musiciennes ukrainiennes réfugiées en France» dans le cadre d’un projet piloté par l’institution et Mme Stavychenko. Depuis avril, plusieurs d’entre elles ont pu intégrer une quinzaine d’orchestres à travers la France
Source : le figaro