Littérature

“La voyageuse de nuit”, Laure Adler

Les éditions Grasset ont publié en septembre 2020, le dernier livre de la journaliste Laure Adler (70 ans) intitulé La voyageuse de nuit qui revient de belle manière (façon carnet de voyage) sur l’art de vieillir.« On est toujours la vieille ou le vieux de quelqu’un. Autant s’y préparer » remarque avec justesse Laure Adler dans ses récentes interviews. 
  
Ainsi, « plus de cinquante ans après l’ouvrage magistral de Simone de Beauvoir sur la vieillesse (ndlr : intitulé La vieillesse), je tente de comprendre et de faire éprouver ce qu’est cette chose étrange, étrange pour soi-même et pour les autres, et qui est l’essence même de notre finitude » indique l’auteur qui ajoute que, déjà à l’époque, l’écrivain dénonçait « le silence assourdissant vis-à-vis du traitement réservé aux personnes âgées, l’incapacité que nous avons à nous reconnaître en elles ». 
  
« Aurait-on honte dans notre société de prendre de l’âge ? Il semble que oui » poursuit Laure Adler dans cet essai construit tel un carnet de voyage. 
  
« On nous appelait autrefois les vieux, maintenant les seniors. Seniors pas seigneurs. Et on nous craint –nous aurions paraît-il beaucoup de pouvoir d’achat- en même temps qu’on nous invisibilise. Alors que faire ? Nous mettre aux abris ? Sûrement pas ! Mais tenter de faire comprendre aux autres que vivre dans cet étrange pays peut être source de bonheur… » 
  
« Tu as quel âge ? » Seuls les enfants osent vous poser aujourd’hui ce genre de questions, tant le sujet est devenu obscène. A contrario, j’essaie de montrer que la sensation de l’âge, l’expérience de l’âge peuvent nous conduire à une certaine intensité d’existence ». Précisons d’ailleurs, que Laure Adler, aujourd’hui septuagénaire, ne sent ni jeune, ni vieille. 
  
« Attention, ce livre n’est en aucun cas un guide pour bien vieillir, mais la description subjective de ce que veut dire vieillir, ainsi qu’un cri de colère contre ce que la société fait subir aux vieux. La vieillesse demeure un impensé. Simone de Beauvoir avait raison : c’est une question de civilisation. Continuons le combat ! » 
  
Dans ce nouveau récit sur le vieillissement, Laure Adler fait également référence à de nombreux grands auteurs qui ont déjà évoqué cette thématique au cours des siècles, Simone de Beauvoir, bien évidemment, mais encore Sénèque, Montaigne, Jankélévitch, Roland Barthes ou encore Marguerite Duras.  
  
Un livre en forme de cri de révolte contre la ghettoïsation des anciens qui résonne particulièrement fort en ces temps difficiles…

Laure Adler est journaliste, historienne et écrivaine, et productrice à France Culture, spécialiste de l’histoire des femmes et des féministes au XIXe et au XXe siècles. Elle est notamment auteure de plusieurs ouvrages historiques : Les premières journalistes (Payot), Les femmes politiques(Seuil), Sur les pas d’Hannah Arendt (Gallimard), et d’une biographie de Marguerite Duras (Gallimard) pour laquelle elle a reçu le Prix Femina de l’essai.