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Comment sera le monde après le coronavirus, selon Patrice Goldberg ?

La crise que nous sommes en train de traverser modifiera-t-elle notre société ? Patrice Goldberg, le Monsieur Sciences de la RTBF, nous livre son éclairage.

Quelles leçons nos pays vont-il tirer de cette situation inédite, à votre avis ?

Ce virus nous invite à l’humilité parce qu’on en découvre plein de choses tous les jours, donc personne ne peut avoir la prétention d’annoncer qu’il est capable de prédire ce qui va se passer dans quelque domaine que ce soit sans risque d’erreur. Ceci étant dit, je pense qu’un certain nombre de questions vont être sur la table. La première selon moi est : que voulons-nous comme système de santé et de recherche pour l’avenir ?  Différents dysfonctionnements structurels sont apparus :  la problématique des masques, les kits de dépistage, le financement de la recherche scientifique, etc. Toutes ces questions vont impliquer les décisions qu’il faudra prendre pour gérer efficacement les épidémies qui risquent d’arriver. Est-ce que la santé et la recherche vont être mises parmi les priorités ? Parce qu’un système de santé performant et la recherche scientifique sont indispensables pour générer l’innovation et les traitements du futur. L’enjeu numéro un, il est là. Pour pouvoir trouver des solutions en cas de problème et aussi pour anticiper des solutions pour les problèmes à venir, il faut renforcer le système de santé mais aussi renforcer le système de recherche. D’où toute la question de l’incitation chez les jeunes à se lancer dans des carrières scientifiques.

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Va-t-on, au nom de la protection collective, instaurer un système de surveillance à grande échelle ?

La révolution numérique était déjà en cours avant le covid-19 et elle a permis le télé-travail. Mais elle va connaître une accélération gigantesque pour le meilleur et pour le pire. Les technologies digitales permettent de continuer à toute une série de secteurs économiques de fonctionner, et de déployer la créativité. Je crois que les outils numériques vont être embrassés par les plus inventifs, il va y avoir un coup de boost pour la mutation digitale. Après, il existe des risques relatifs aux dérives vis-à -vis de la vie privée, quand on voit ce qui se passe en Chine, où il y a des caméras partout. Mais ce ne sont jamais les outils le problème, c’est ce que l’on en fait. La voiture, par exemple, a révolutionné l’humanité. Elle a permis de raccourcir les distances et c’est un engin de pollution terrible et un engin de mort, donc la voiture a ses qualités et ses défauts en fonction de l’utilisation qu’on en fait. Par rapport à cette révolution numérique, il nous appartient en tant que société et donc avec nos élus de décider de ce que nous allons en faire ensemble en tant que citoyens.

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Et en termes de comportements et de relations aux autres, quelles conséquences aura cette crise ?

Ce covid-19 a vu se déployer de nouvelles idées en termes de solidarité dans les quartiers. Cela a démontré aussi une chose :  l’importance du contact social. Nous sommes des animaux grégaires ! Cette crise démontre aussi que nous avons besoin de nous toucher, de câlins. Nous sommes composés de cellules, et ce sont les aspects génétiques qui déterminent vos caractéristiques physiques. Mais à côté, il y a l’épigénétique, c’est-à-dire que l’environnement et les choses qui arrivent dans notre vie peuvent influencer le fonctionnement de nos gènes. Les câlins ont un pouvoir épigénétique. Les gens plus tactiles font agir leurs gènes de manière différente que ceux qui sont moins tactiles. Donc, le fait de manquer de câlins va avoir un impact important. Des recherches ont démontré que les hormones de stress sont beaucoup moins importantes chez les humains qui bénéficient de beaucoup de contacts physiques, qu’un contact physique important et prolongé réduit les hormones du stress. Et le stress affaiblit notre système immunitaire. Donc, vous savez ce qu’il vous reste à faire : faites-vous des câlins !